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Exposé Intégral |
I / La nécessité d’une Education au respect de l’eau : l’eau a t’elle besoin qu’on la respecte ? A / Une source de Vie à respecter Lors de sa formation, il y a entre 4 milliards et demi et 5 milliards d’années, la Terre était entourée d’une ceinture de gaz se trouvant à très haute température, gaz parmi lesquels figuraient oxygène et hydrogène. Se refroidissant avec le temps ces deux éléments se combinèrent pour former de gigantesques couches nuageuses et il se mit à pleuvoir… pendant des millénaires ! L’eau eût alors tout le temps de remplir les creux et les plis de l’écorce terrestre et de recouvrir les trois quart de notre planète. Depuis, sa quantité présente est restée constante. Selon l’état actuel des connaissances scientifiques la vie a probablement fait son apparition il y a de cela 3 milliards d’années dans les eaux peu profondes de lacs et de lagunes chauffées par les rayons du soleil. Se multipliant et se transformant au cours des millions d’années qui s’ensuivirent, bactéries et êtres unicellulaires finirent par former des êtres de plus en plus complexes : les poissons, il y a 300 millions d’années, puis les batraciens et les reptiles, et enfin les mammifères il y a 75 millions d’années. Descendant de ces derniers, l’homme est apparu il y a seulement 2 millions d’années. L’espèce humaine est donc très jeune[1]. De par ses origines, la vie demeure en étroite dépendance d’avec l’eau. Celle-ci est le constituant principal du corps humain comme il en est de même pour les animaux et pour les végétaux.[2] Dans notre corps, l’eau assure l’irrigation et la souplesse des tissus, rend possible la digestion en dissolvant les aliments et en en facilitant l’assimilation par l’organisme, assure la régulation thermique du corps et permet l’évacuation des déchets. Si un être humain peut supporter de perdre la moitié de ses protéines et la quasi-totalité de ses graisses, ou bien encore survivre 5 semaines sans manger, il éprouve le besoin de boire dès qu’il perd seulement 2 % de son eau. S’il en perd 15 %,il meurt. Mais l’eau n’est pas uniquement un élément essentiel à la vie, elle est aussi un milieu de vie. Les cours d’eau s’écoulent en permanence ou de façon saisonnière vers la mer, générant des habitats aussi variés que diversement peuplés. Lacs et étangs, étendues "immobiles" qu’un faible taux de renouvellement rend plus sensibles aux pollutions inspirent l’âme des poètes et des peintres. Les zones humides, situées en lisière, accueillent les migrations des oiseaux et font la joie des naturalistes ornithologues. Composé d’une part de ces différents milieux et d’autre part de leurs occupants animaux et végétaux, l’écosystème aquatique génère par l’entremise de la lumière solaire et de sa chaleur une véritable chaîne alimentaire. Des producteurs, les plantes et les algues, fournissent par photosynthèse matière et nourriture aux consommateurs primaires – c’est à dire se nourrissant exclusivement de plantes – ou secondaires – c’est à dire se nourrissant également d’animaux. Ces espèces allant du micro-organisme au poisson transfèrent une fois de plus cette énergie lorsqu’il sont à leur tour mangés par les consommateurs tertiaires. Quant aux décomposeurs, bactéries et champignons, ils décomposent les cellules mortes et redistribuent au milieu des substances assimilables par la flore, refermant ainsi la boucle de la vie. L’eau est également au cœur de l’histoire humaine et de sa culture. Les grands fleuves ont été le berceau des plus anciennes civilisations, pour des raisons alimentaires comme stratégiques, et elle tient souvent un rôle important dans leurs religions, leur mythes ou leurs symbolismes[3]. Aussi l’homme a t’il cherché à la dominer et à en domestiquer l’usage. Des aqueducs romains aux "métiers de l’eau" du Moyen-Age, des bornes-fontaines de celui-ci aux canalisations du Second Empire, il développe des infrastructures pour mettre la ressource à son service tel un Seigneur de la nature. Il aménage l’eau. Aujourd’hui encore, celle-ci à pour nos sociétés une importance considérable. Au sein du foyer, elle sert à la boisson, à cuire les aliments, à laver la vaisselle, à faire sa toilette, à faire la lessive et à entretenir jardins et balcons. Pour l’agriculteur, elle sert à abreuver son élevage et à irriguer ses cultures. Pour l’industriel, elle est avant tout une matière première entrant dans la fabrication de moult produits[4]. Elle lui permet aussi de produire de l’électricité et de refroidir ses centrales thermiques ou nucléaires. Elle a également et souvent dans le même temps une fonction récréative. L’eau est donc un bien économique, avec son coût et son prix. De son secteur découle des enjeux importants aussi bien en terme d’argent que de pouvoir. Mais toute cette activité humaine a elle aussi son prix : elle affecte l’eau et son écosystème, et cela par des agressions ou par des pollutions. Les agressions vont porter atteinte à l’intégrité des cours d’eau : par des aménagements élevés sur leurs berges, par la construction de canaux, par l’extraction des granulats qui provoque érosion et disparition de nombreuses espèces, par la construction de digues et de barrages qui perturbent le cycle des crues et des étiages. Les pollutions vont quant à elles porter atteinte à la capacité d’auto épuration de l’eau. Lorsqu’elles sont causées par des matières organiques et partant biodégradables elles provoquent une surconsommation d’oxygène pour leur élimination (par les bactéries), puis dans un deuxième temps l’asphyxie du cours d’eau, entraînant avec elle la mort de sa faune et de sa flore. Au contraire l’enrichissement de l’eau en substances nutritives telles que l’azote ou le phosphore provenant des engrais et des rejets déclenche une eutrophisation du milieu et la prolifération d’algues et de plantes aquatiques qui à leur tour vont consommer l’oxygène nécessaire à la survie des autres espèces. Peut s’ensuivre une dystrophie lorsque la biomasse s’accumulant tandis que l’oxygène diminue, elle génère de plus en plus de déchets jusqu’à saturation des capacités de recyclage du milieu. Enfin, certaines substances toxiques vont pénétrer la chaîne alimentaire, se concentrer en partie dans certains organes des poissons herbivores qui contamineront à leur tour leurs congénères ou les oiseaux carnivores. La teneur concentrée étant de plus en plus élevée au fur et à mesure que l’on grimpe l’échelle alimentaire les espèces se plaçant en fin de course sont donc les plus menacées. Cela s’appelle la bio-amplification. Les pollutions responsables de ces divers phénomènes peuvent être domestiques. Elles sont alors provoquées par les rejets d’eaux usées ou de produits industriels (comme les piles usagées. S’y ajoutent les eaux collectives de lavages (des rues, des marchés… ) ou de ruissellement qui venant lessiver routes et parkings se gorgent de particules organiques ou de métaux lourds. Elles peuvent aussi être industrielles prenant la forme d’effluents organiques, chimiques ou se traduisant par un accroissement de température ou par la présence de matières en suspension. Elles peuvent enfin être agricoles, herbicides, pesticides et produits phytosanitaires s’accumulant dans les nappes phréatiques et perturbant la chaîne alimentaire comme nous venons de le montrer[5]. Si l’écosystème on le voit est la première victime de l’activité humaine, il n’est pas le seul à en souffrir. Ayant besoin de boire et de se nourrir l’homme est directement concerné par le problème de la qualité de l’eau. Etant en contact étroit avec elle dans sa vie de tous les jours, se tenant au sommet de la chaîne alimentaire, il a même tout intérêt à s’en assurer. Cet intérêt est pour lui d’autant plus grand que la ressource en eau est inégalement répartie entre les continents et les pays – voire entre les régions d’un même pays. Si l’eau connaît un volume pratiquement constant sur la planète, elle est toutefois salée à 97,2 %, les 2,15 % d’eau douce restant étant essentiellement concentrés sous forme de glace de sorte que seul 0,65 % demeure exploitable (estimations tirées de "Vive l’eau" programme pédagogique de l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse). Dans le bassin méditerranéen elle va de moins de 100 m3 par habitant et par an dans les territoires palestiniens, à Gaza et à Malte ; à plus de 10000 m3 en Albanie et en ex-Yougoslavie. Elle présente encore une grande irrégularité avec les années et une forte variabilité entre les saisons. Dans certaines zones la pratique du dessalement de l’eau de mer s’est d’ailleurs avérée indispensable. Elle est cependant très coûteuse en énergie et donc en argent. S’il est vraisemblable que ses coûts diminuent d’ici à quelques années elle ne constitue pas pour l’instant une solution généralisable. Le pénurie de la ressource est enfin liée au problème de la croissance démographique, la première étant insuffisante là où la seconde augmente, et à la question du développement. Une croissance démographique rapide accroît la pression sur l’espace et les ressources et augmente dans le même temps pollution et production de déchets. Malgré l’apparition d’une tendance mondiale à la réduction progressive de la natalité, et notamment dans les pays du sud de la Méditerranée de nombreux pays détiennent encore un très fort potentiel d’accroissement en raison d’une population majoritairement jeune. Les déplacements en direction des villes devant encore s’accélérer, une localisation de plus en plus importante de la demande en eau est à envisager ainsi qu’une aggravation des conflits d’usage. De façon générale, les prévisions indiquent que la population en état de stress hydrique augmentera dans des proportions substantielles dans le sud de la Méditerranée d’ici à 2050[6]. Indispensable à tous, disponible en quantité relativement limitée, fragile, interdépendante de notre propre espèce, l’eau ne peut que nous apparaître comme le dénominateur commun de la Création, la pierre angulaire de la Vie, une richesse devant quoi qu’il en soit être respectée. Ce respect impliquera des comportements politiques, collectifs, mais également individuels. Nous allons maintenant nous demander en quoi peut consister le respect de l’eau. [1] Apparus au trias et mystérieusement éteints à la fin du crétacé, les dinosaures ont vécu approximativement entre 180 et 200 millions d’années ! [2] Un embryon humain de trois jours est formé de 97 % d’eau, elle représente 75 % du poids chez le nourrisson et compose le corps d’un adulte à 65 %. Un oiseau et un chien en contiennent environ 65 %, un poisson 80 %, une pomme de terre 78 %, une carotte 85 %, une tomate 91 %. [3] Serait-il d’ailleurs possible que l’attirance naturelle de l’homme pour l’eau lui vienne du souvenir inconscient qu’il a vécu dans un environnement saturé d’eau pendant neuf mois avant même sa naissance ? [4] A titre d’exemples 35 litres d’eau sont nécessaires à la fabrication d’1 kg de ciment, 250 à 300 litres pour 1 kg de papier, 300 à 600 litres pour 1 kg d’acier,1500 litres pour 1 kg de blé, 2700 litres pour 1 litre d’alcool, 4500 litres pour 1 kg de riz… [5] Reste le cas particulier des agents pathogènes, celui des déchets radioactifs et de façon générale celui des pollutions accidentelles, des malveillances, voire du terrorisme. Si traitement et assainissement mettent les pays développés en situation de sécurité relative par rapport au premier, il semble que l’on n’ait pas encore découvert de remède à la négligence et à la bêtise. Peut-on par exemple imaginer que des grévistes occupant une usine menacent de déverser de l’acide sulfurique dans un ruisseau pour "débloquer" des négociations ? [6] Une adresse pour avoir des précisions : http://www.funredes.org/agua/files/education/SAMMAN.rtf .
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