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Version Conférence |
A/ Le développement d’une approche systémique de l’écosystème. Constituant une totalité, le milieu naturel est formé de sous-ensembles interagissants et interdépendants les uns des autres. L’espèce humaine est l’un d’entre eux. De quelle façon envisager une plus juste approche de ce tout ? Issue de Descartes, la pensée analytique nous recommande de fractionner toute difficulté en autant de parcelles nécessaires à leur compréhension. Elle nous conseille d’aller du plus simple vers le plus complexe et de façon plus générale, de tout inventorier afin de ne rien omettre. C’est ici la base du savoir scientifique et expérimental tel que nous le connaissons en Occident depuis le XVIIème siècle. Or, cette approche réduit la complexité de la réalité à une connaissance basée sur des hypothèses faisant l’objet d’expériences et dont la validité dépend du caractère récurent des résultats de ces mêmes expériences. Elle a également tendance à déduire de l’étude d’un seul élément appartenant à un ensemble des lois qu’elle considérera applicables à la globalité de ce dernier. Or, les problématiques mondiales et environnementales ne peuvent plus aujourd’hui se comprendre de façon si fractionnée, le laboratoire ayant désormais la taille d’une planète. Une activité x peut ainsi générer des conséquences y et z à des milles de là. Face à de nouvelles situations dites complexes des scientifiques ont proposé à partir des années 30 une nouvelle approche dite "systémique". Cette conception veut que la compréhension d’un ensemble et de son fonctionnement se fasse beaucoup plus facilement en considérant cet ensemble comme un tout cohérent et non comme un agrégat de sous-ensembles non reliés les uns aux autres. Elle préconise au contraire l’étude de ces relations. Là où l’analytique isole et se concentre sur les données, la systémique relie et se concentre sur les interactions entre les éléments. Là où l’analytique considère la nature des interactions, la systémique considère leurs effets. Là où l’analytique s’appuie sur la précision des détails et modifie une variable à la fois, la systémique s’appuie sur la perception globale et modifie des groupes de variables ensemble. Lorsque la première valide un fait par une preuve expérimentale à l’intérieur d’un cadre théorique, la seconde le valide par la comparaison du fonctionnement du modèle avec la réalité. Si l’on admet donc bien que l’écosystème présente les caractéristiques d’un ensemble organisé, il est donc possible de rétablir dans l’esprit de chaque individu le lien d’interdépendance entre lui-même et son milieu naturel, en lui enseignant une approche systémique de cet écosystème. De cette prise de conscience personnelle se créera une responsabilisation. Une pédagogie systémiste me semble donc à développer. Si une pollution de l’amont a des répercussions sur l’aval ce n’est pas tant parce que la pollution est une entité sournoisement fugace que parce que justement amont et aval sont en interrelation. Il peut être également intéressant d’enseigner qu’une action bénéfique sur tel ensemble produit des effets similaires sur d’autres ensembles. Il s’agit donc de faire adopter au public une tournure de raisonnement nouvelle.
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