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Version Conférence |
B/ Concrètement il convient de mêler pensée analytique et pensée systémique. La pensée analytique permet en effet de connaître parfaitement les éléments d’un tout, de les maîtriser, ce qui permet ensuite d’élever le regard au niveau systémique. Ainsi, si vous souhaitez connaître le cheminement de l’eau sur un bassin versant serez-vous obligés, dans un premier temps, de suivre son cours à partir d’un regard linéaire. Il vous sera ensuite possible de faire ressortir les interactions entre quelques éléments et de démontrer l’impact de l’activité humaine sur le milieu ou une interdépendance entre un amont et un aval. Ce travail peut se faire en procédant par exemple à l’étude d’espèces banales et caractéristiques, c’est à dire que l’on trouve partout. Il est ici préférable de ne pas s’appesantir sur leur noms mais d’expliquer au public enseigné leur mode de vie et d’alimentation en termes de relations, de liens de causes à effets. Prenons par exemple deux herbivores : le premier se nourrit en broutant les végétaux qui poussent à la surface des cailloux ; le deuxième se nourrit de filaments, donc de plantes qui poussent. Si un produit favorisant le développement de plantes filamenteuses est rejeté dans la rivière, le deuxième consommateur sera favorisé au détriment du premier. Si l’on construit un barrage en amont, le cours d’eau ralentira ce qui multipliera les matières organiques en suspension. Cela peut dans un premier temps favoriser telle ou telle espèce qui s’en nourrit, mais aboutir à l’effet inverse lorsque la capacité limite d’absorption du milieu est atteinte puis saturée. Aussi la présence de telle espèce à tel endroit à un instant "t" n’a de signification qu’à cet instant "t" et n’augure en rien de son devenir. L’introduction d’un produit ou toute intervention peut tout changer demain. Cette notion de temps induisant la relativité doit être intégrée dans l’éducation au respect de l’eau et de son écosystème, c’est à dire dans les objectifs pédagogiques. La rivière telle qu’on la connaît, telle qu’elle s’observe aujourd’hui est aussi bien le résultat de processus naturels, que d’une gestion ou d’une technique. Elle est le résultat d’une histoire. Elle est une vision à un instant « t », mais notre activité, notre technique ou notre gestion peuvent aboutir demain à un autre résultat. Or, le passé peut et doit servir à l’avenir. Lorsque l’on s’engage sur une décision il convient de se demander si elle doit seulement servir à aujourd’hui, être adaptée à l’instant "t", ou bien également à l’avenir, sachant que celui-ci nous est inconnu. Cette décision s’inscrit-elle dans le développement durable ? Il convient donc d’intégrer dans l’éducation relative à l’environnement la notion de temps, non pas seulement en tant que chronologie, mais dans les relations qu’elle induit pour le système étudié. L’utilisation de l’analytique fournit à l’éducateur la base de connaissances lui permettant ensuite, au moyen d’une accroche, de remonter au niveau de l’Ensemble. L’analytique et la sectorisation des enseignements ne servent d’ailleurs qu’à faciliter l’acquisition des connaissances ainsi que leur apprentissage. Lorsque enseignant et intervenant extérieur sont amenés à collaborer il est donc impératif :
L’intérêt de cette façon de procéder réside dans le mariage entre l’approche scolaire et l’approche de l’éducation environnementale. La première doit être sectorielle, mais la deuxième doit être différente. Elle n’a pas pour but de donner à l’enfant des connaissances scolaires telles que les noms scientifiques mais doit se concentrer sur la démonstration de phénomènes et la mise en évidence d’interrelations. A cause de cela, l’éducation à l’environnement fait intervenir toutes les matières, elle globalise, ce qui ne veut pas dire qu’elle simplifie. Au contraire elle révèle. Son instrument n’est pas la persuasion mais la démonstration : elle démontre d’abord le phénomène puis donne son nom.
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