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Version Conférence |
C/ Mais si une éducation du public au respect de l’eau se justifie, c’est également parce que d’une façon plus générale l’éducation relative à l’environnement est une dimension fondamentale de l’éducation. La notion d’éducation à l’environnement est assez difficile à cerner en raison de l’idée même que chacun peut se faire de l’environnement. Aussi certains la réduisent-elle au simple enseignement du milieu biophysique et à l’apport de connaissances scientifiques. Une conception plus large de l’environnement, étend cependant celui-ci à la considération des facteurs humains, socioculturels et de leurs interactions. Elle replace l’éducation à l’environnement dans une perspective globale. Aussi peut-on alors préférer parler d’éducation relative à l’environnement.Ici, le sujet d’étude est à la fois l’écosystème, mais également le milieu créé par l’homme, qu’il soit social, économique, technologique, culturel, législatif… On regarde ensuite les relations entre ces divers éléments, dans l’optique d’une solution ou d’une prévention des problèmes écologiques. La démarche doit donc générer une prise de conscience, l’acquisition de connaissances à l’égard de l’environnement et de ses problèmes, le développement d’attitudes et de comportements respectueux de sa qualité, l’acquisition de compétences pour la résolution de ses problèmes, le développement de capacités d’évaluation et enfin la participation individuelle et collective à la solution des problèmes environnementaux. Elle doit être interdisciplinaire, favoriser la compréhension des rapports entre l’être humain, ses pareils, et la nature. L’éducation relative à l’environnement peut dès lors répondre à trois enjeux : A la dégradation de l’environnement physique tout d’abord, qu’il s’agisse de la détérioration des ressources comme de celle de l’écosystème. Poussée à son terme cette dégradation est une menace pour la vie – notamment la nôtre. Sans aller jusque-là, elle constitue d’ores et déjà une menace pour sa qualité. Elle peut ensuite répondre à l’aliénation des personnes et des sociétés en regard de leur milieu de vie, c’est à dire à une certaine déconnexion de l’homme à l’égard des autres éléments de la biosphère et même de ses propres semblables. L’ERE peut l’aider à se recentrer et lui restituer sens du partage et responsabilité. Elle peut enfin répondre à une problématique pédagogique, celle des limites de l’enseignement traditionnel. Caractérisé par le cloisonnement interdisciplinaire, le manque d’autonomie de l’apprenant et un relatif isolement de l’école par rapport au milieu, cet enseignement apparaît en partie inadapté aux réalités d’aujourd’hui. L’éducation relative à l’environnement porte en elle un ensemble de valeurs civiques et humaines de nature à impliquer le sujet, à le responsabiliser, à solidariser les individus, et à intégrer dans un même groupe adultes et enfants d’origines et de cultures différentes. Elle favorise la découverte de soi, celle de l’autre, et resitue les deux dans un même ensemble. Chacun peut y trouver sa place. Ce rapport à l’altérité peut se prolonger sur le rapport de l’homme à l’égard de son milieu naturel. Néanmoins, il ne s’agit nullement ici de mettre l’environnement au service de l’éducation et de négliger le nécessaire feedback de la démarche à l’égard de ce même environnement, et en l’occurrence, à l’égard de l’eau. Si l’on peut se partager la ressource, il est une part incompressible de celle-ci dont l’écosystème demeure tributaire pour sa survie, et c’est sur cet élément qu’il convient de nous pencher. Le milieu naturel peut nous fournir une ressource de bonne qualité dans le cadre de son fonctionnement normal, de sa dynamique courante si on ne le dégrade pas. Mais il n’est pas un pourvoyeur placé à notre service et a besoin d’un minimum d’implication et de considération de notre part. Or, il semble bien que ces deux conduites ne soient exercées par l’homme qu’à l’égard de ce qu’il aime, c’est à dire généralement à l’égard de ce qui lui est proche. Et c’est là que semble se trouver le nœud du problème car l’homme s’extériorise du milieu naturel. Observons si vous le voulez bien la façon dont nous nous exprimons : nous disons tous "le milieu", "l’écosystème", "la nature" et usons donc d’articles définis. Nous n’employons jamais ou quasiment jamais de possessifs lorsque nous parlons d’écosystème. Et c’est là faire "du" milieu une entité distincte de nous, presque lointaine, mais dans tous les cas, une entité qui se situe à côté de nous. Ne devrions-nous pas parler plus justement de "notre" milieu puisque techniquement nous nous trouvons dessus ou même dedans ! Chacun de nous considérant donc l’écosystème comme se situant "à côté" de lui, replace inconsciemment sur autrui l’obligation de le prendre en charge et de s’en occuper. L’homme s’extériorise du milieu naturel.
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