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1 / L’Agence de l’Eau Rhin-Meuse organise depuis bientôt dix ans une campagne de sensibilisation en milieu scolaire : "Vive l’eau : les jeunes se mobilisent". Elle s’adresse au primaire, au secondaire et au supérieur. L’Agence fournit aux établissements un certain nombre de documents et d’animations leur permettant d’organiser en classe une "journée de l’eau", journée qui sera complétée par des visites sur le terrain donnant lieu à compte rendu.

L’Agence définit son rôle comme étant celui de "mettre à la disposition des enseignants un ensemble d’outils et de pistes de travail" :

  • Un livret du maître qui propose des expériences et des séances
  • Un cahier d’exercice dont l’objectif est de mettre l’enfant en situation d’enquêteur
  • Un carnet de santé de la rivière
  • Un livret à lire pour information.

J’ai du cahier d’exercices une appréciation en demi-teinte. Il me paraît avant tout présenter un défaut majeur et à vrai dire inhérent à sa nature : il ne favorise pas l’abandon du rythme scolaire car il se ramène à la pédagogie traditionnellement verticale  du milieu écolier : donner aux enfants des devoirs à faire et les corriger ensuite. En ce sens il ne me paraît pas de nature à favoriser une implication particulière de l’enfant car ne sort pas du cadre de ses obligations d’élève. Les exercices étant destinés à préparer la journée de l’eau et leurs objectifs pédagogiques étant nombreux ils me sembleraient par ailleurs justifier une démarche étalée sur plusieurs semaines et non sur une ou deux voire trois journées si l’on compte les visites. L’eau faisant partie du quotidien il me semblerait logique d’habituer les enfants – en quelque sorte – à un réflexe intellectuel. Je ne dis pas qu’il faille aborder la question de l’eau à chaque cours ou même chaque semaine car elle ne doit pas devenir un fardeau ou l’équivalent d’une matière à part entière mais des petites gouttes tombant de-ci de-là me paraîtraient plus pédagogiques. L’étude de l’eau figurant d’ailleurs dans les programmes scolaires, cela ne devrait pas poser de difficulté majeure.

Ce qui me surprend également un peu c’est que la recherche d’une grande partie des réponses ne se fait à priori pas sur le terrain, mais plutôt à la maison et dans l’entourage familial ce qui correspond encore à une méthode scolaire. L’implication des parents dans la réalisation de l’enquête est même indispensable dans le cas de certains exercices. Elle me semble cependant présenter l’avantage de faire remonter l’information et de créer un pont de plus entre les générations, l’appel aux grands parents permettant de rétablir la perception des changements et  relations induits par le facteur temporel. Toutefois il aurait été possible de remplir ce cahier sur les lieux mêmes qu’il est censé décrire, et ce, à l’occasion d’une sortie, quitte à recourir à un accompagnement parental. Je pense personnellement qu’en matière d’éducation relative à l’environnement et au respect de l’eau en particulier, il faille rechercher la plus grande association possible entre l’adulte et l’enfant, j’entends par-là une véritable collaboration dans l’accomplissement des activités, afin qu’ils se "rencontrent" dans une situation différente d’un rapport purement "hiérarchique". Le cahier d’exercice, tel qu’en lui-même, fait au moins dans un premier temps travailler l’enfant plus que le maître et ne favorise pas ce rapprochement. C’est là néanmoins une question d’objectifs car lorsque j’avance l’idée d’un tel rapprochement je ne fais qu’avancer un objectif qui m’est personnel. Je n’entends pas du tout par là que nos maîtres et maîtresses d’école soient émotionnellement distants de leurs élèves – cela irait à l’encontre de leur vocation – mais simplement que l’éducation au respect de l’écosystème offre l’occasion de s’appuyer davantage sur le registre émotionnel et sensitif, ce qui peut favoriser l’obtention de résultats intéressant dans les autres domaines.

A propos de sens, le cahier sollicite indubitablement trop le visuel et oublie l’apprentissage par les autres sens. Or la vie s’entend et se touche et je pense qu’il est nécessaire d’apprendre aux enfants à se servir de tout ce dont la nature nous a pourvu. Cela rentre, là-encore à mon humble avis, dans les objectifs de l’ERE parmi lesquels il est question de resituer l’individu par rapport à son milieu. Dans une société telle que la nôtre, dans laquelle l’image est omniprésente et si influente de nos comportements il me semble que cela devient impératif. Parfois la vérité s’entend mais ne se voit.

Bien que je me fasse l’avocat du diable il reste que le cahier aborde bien l’ensemble des questions relatives au circuit de l’eau : son cycle, son usage, son coût… S’il le fait au travers d’une approche analytique et sectorisée, celle-ci ne peut que favoriser un premier apprentissage des éléments de l’écosystème, une démarche systémique pouvant venir la compléter par la suite.

Le carnet de santé de la rivière favorise de son côté l’humanisation de celle-ci. Permettant justement une approche systémique du milieu ses exercices descriptifs sollicitent à la fois la vue et l’ouie, et mettent en relation le recensement des espèces avec l’état de la rivière. Les mesures de qualité y sont établies par rapport aux normes : dureté, température, nitrites et nitrates. L’apprentissage de la notion de « normes » peut aussi déboucher par extension sur un enseignement civique. Comme tout carnet de santé il peut donner lieu à des contrôles réguliers et à des rappels, intégrant ici le facteur temps.

Le livret du maître se découpe quant à lui en deux parties : la première est la correction du cahier d’exercice, la deuxième correspond à une approche pluridisciplinaire de l’eau par rapport à ce qu’elle représente dans notre patrimoine : l’eau dans la langue française, en histoire et en géographie, en latin et en grec, en culture générale… l’idée étant toujours de sensibiliser l’enfant à partir d’un questionnement. L’action se déroulera ici en classe une fois les exercices corrigés.

En conclusion je dirais que ces trois documents ne sont comme le dit très justement l’Agence que de simples pistes, des outils qu’il convient de manier en fonction d’objectifs préétablis. La question de savoir si le cahier d’exercice doit être rempli avant ou au cours d’une journée de sensibilisation en classe ou sur le terrain dépend de la réflexion et de la responsabilité du maître.

L’Agence Rhin-Meuse est également à l’origine de cinq autres documents :

La plaquette "Oh, voilà l’eau" est adressée aux plus petits. Une goutte s’y adresse à l’enfant et s’y raconte à la première personne, utilisant des termes émotionnels et propres à l’être humain ("triste" ; "je me repose" ; "s’il te plaît, économise-moi"). La "princesse" et le "château" (d’eau) font quant à eux référence à l’univers du conte de fée. Plusieurs jeux de mots sont employés.

Si le cheminement de l’eau est ici décrit en termes simples, la lecture du document donne ce me semble une impression de longueur, induisant implicitement qu’il est difficile d’avoir de l’eau.

Les couleurs sont pastels, les dessins épurés ce qui procure une sensation de relaxation et de plaisir. Leur légende est rédigée en caractères figurant une écriture manuscrite ce qui renforce la personnalisation. Le reste du texte est en caractères d’imprimerie, en gras ou en bleu pour souligner ce qui est important.

L’association de données techniques chiffrées d’usage de la ressource et des dessins épurés favorise le travail de mémorisation photographique : si les chiffres ne sont pas retenus, l’action d’usage est associée à l’idée d’un "beaucoup" et cette association s’imprime dans le cerveau de l’enfant – comme de l’adulte.

La plaquette "l’eau au quotidien" montre les phases de la production à l’épuration. Son style de dessin plus réaliste et ses légendes en caractères plus petits me donnent à penser qu’il est plutôt réservé aux enfants plus âgés voire aux pré-ados (?).

La plaquette "Vive l’eau, les jeunes se mobilisent : le cycle de l’eau" explique pourquoi l’eau est indispensable à la vie, comment elle arrive jusqu’à la maison, comment elle en repart, comment elle peut être polluée, et de quelle façon l’on peut l’épurer. La dernière page (verso de la couverture) est consacré en conclusion à sa protection. Le dessin est lui-même assez épuré, les couleurs sont douces, les caractères gras sont à nouveau utilisés, sollicitant là encore la mémoire photographique.

La plaquette "Vive l’eau : l’eau menacée et protégée" délivre des informations et des connaissances plus détaillées. Très synthétique, elle évoque le cycle de l’eau, sa pollution, sa protection, ainsi que la réglementation (sans toutefois entrer dans le détail). Présentée en grand format elle ne manque pas d’avoir un aspect luxueux : le texte est aéré, les présentations sont claires, les dessins sont épurés mais néanmoins précis, des cartes et des photographies viennent les compléter. Elle s’adresse certainement aux plus grands, voire aux parents. On a plaisir à travailler avec. Elle date de 1991.

L’Agence Rhin-Meuse m’a également adressé un dernier document intitulé : "Vive l’eau : les métiers de l’imprimerie et des arts graphiques". Destiné à des professionnels il répond avant tout à un objectif informatif. Il évoque les besoins en eau des différentes activités du secteur, ainsi que leurs rejets, et les risques pour l’écosystème. Il présente une information sur la réglementation, sur la nature des produits utilisés et sur les possibilités d’employer des techniques propres. L’Agence à elle-même veillé à ce que ses documents soient imprimés sur papier dans le respect de l’environnement. La cohérence entre discours et action personnelle est fondamentale. Elle permet de démontrer que l’on est soi-même acteur et pas seulement un prescripteur.

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