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Exposé Intégral |
D / Réflexions sur l’outil audiovisuel J’avoue avoir pensé dans cet exposé me positionner en faveur de l’utilisation éducative de l’outil audiovisuel en m’évoquant la possibilité d’imaginer quelque émission quotidienne de 5 minutes sur le thème de l’eau, une série de dessins animés ou pourquoi pas de téléfilms. Il existe d’ailleurs en France (comme à l’étranger) un certain nombre de réalisations allant dans ce sens mais je ne pense pas qu’il en existe en particulier sur l’eau. Ce qui me paraît ici intéressant c’est que radio et télévision sont par nature le moyen idéal pour faire rentrer le message éducatif au sein du foyer. Néanmoins cela soulève je le crois deux questions : la première est de savoir à qui confier l’élaboration du produit, c’est là un problème d’objectivité journalistique[1], la deuxième – qui en découle – celle de savoir quelle position adopter pour délivrer le message. Convient-il de jouer sur l’empathie du téléspectateur en lui montrant une nature resplendissante de grâce et de majesté, à laquelle il ne peut que s’identifier ; ou bien faut-il jouer la carte de l’émotion en lui jetant au visage le film-évènement d’une planète malade et assassinée par ses enfants ? A qui doit ensuite être attribuée la compétence de définir les objectifs pédagogiques du produit ? Est-ce à une Rédaction ou à des intervenants scientifiques ? A qui accordera t’on le dernier mot lorsque ces objectifs ne seront pas considérés comme susceptibles de recevoir une bonne audience ? Les médias ne sont-ils pas aussi tenus d’obéir à des logiques d’entreprise ? J’ai souhaité connaître par curiosité, mais aussi par souci d’envisager l’aspect financier de la question, le montant auquel serait susceptible de s’élever une émission quotidienne de 5 minutes sur le thème des économies d’eau. Mes investigations auprès du Centre National de la Documentation Pédagogique et de La Cinquième restèrent sur ce point sans résultat. On me fit savoir et pas toujours de la façon la plus aimable que les professionnels de l’audiovisuel ne peuvent donner d’estimation que sur des projets à mettre en images et pas sur des suggestions théoriques non formalisées par écrit. Cela se comprend aisément car une très longue série d’étapes précède l’estimation financière du projet, le coût dépendant en effet du format choisi, des lieux de tournage, du réalisateur, et de bien d’autres choses encore. J’appris également que les tarifs ayant cours sont dans tous les cas tenus secrets, concurrence oblige… On me renvoya donc à l’approfondissement de mes suggestions théoriques non formalisées par écrit ! Je n’aurai en conséquence aucune opinion particulière sur l’usage des médias en matière d’éducation du public au respect de l’eau et ne m’en ferai ni un virulent détracteur, ni un ardent promoteur. Je m’en tiendrai à dire qu’il ne peut s’agir là que d’un outil utilisable en complément d’autres démarches, et qu’il n’est à mon sens absolument pas souhaitable d’en faire en revanche l’outil numéro un. Mes lecteurs comprendront certainement que cette dernière remarque est mue par la crainte d’un risque d’endoctrinement. La préservation du milieu naturel est aujourd’hui pour tout Etat qui désirerait reprendre sur ses citoyens une "emprise légitimée" un domaine d’intervention législatif, réglementaire ou "culturel" qui s’y prêterait idéalement. Il en est de même je le pense de tout lobby économique (ou autre) qui se poserait en conquérant sur le marché de l’éducation au respect de l’eau et s’organiserait un monopole de diffusion de l’information. Imaginons que quelqu’un diffuse un jour une rumeur selon laquelle l’eau que nous buvons… Imaginons également que l’on ne nous dise pas tout… Bref l’établissement d’une culture de l’eau si elle est nécessaire n’en pose pas moins un certain nombre d’interrogations quant à d’éventuels effets pervers. Je pense à ce sujet que la pluralité d’acteurs dont j’ai évoqué l’existence au début du chapitre deuxième présente là les avantages de ses inconvénients : si elle ne favorise pas l’action coordonnée, elle nous protège d’un péril autrement plus grave, celui de n’entendre qu’une seule voix. [1] Est-il nécessaire d’évoquer ici le risque d’endoctrinement ou de désinformation que l’avènement d’une culture de l’eau sur petit écran pourrait sournoisement "légitimer"?
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