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Exposé Intégral |
B / Une question d’ordre culturel Peut-on envisager dans nos arrondissements une telle organisation? Nous pourrions imaginer des structures semblables aux Eco-Quartiers entreprenant une information sur les économies d’eau et d’énergie, sur le pôle juridique et sur la gestion des risques. Elles pourraient également remplir une fonction d’action sociale. A ce titre il ne faut pas minimiser l’importance de l’enseignement à l’économie d’eau ou d’énergie à l’égard des ménages les plus défavorisés. Toutefois, je vois à l’implantation d’un système d’Eco-Quartiers en France deux obstacles, certainement pas insurmontables, mais qui me feront dire qu’il est encore trop tôt. Je ne suis pas sûr tout d’abord que nos villes soient adaptées à une telle organisation, nos quartiers étant trop petits et nos arrondissements plus grands que les districts montréalais. Nous connaissons d’autre part de graves problèmes sociaux dans un certain nombre de zones urbaines. Violence, drogue, chômage, déresponsabilisation et désœuvrement y deviennent trop souvent le lot quotidien. Or, si je reste convaincu que l’amélioration du paysage urbain ne pourrait que profiter aux résidents de ces zones, je n’en pense pas moins qu’elle n’est peut être pas leur première préoccupation et ne suis pas certain qu’une sollicitation soit justement interprétée. Pour dire les choses plus simplement je crois que ces gens auraient l’impression que l’on se moque d’eux. Montréal est au contraire une ville riche où drogue, chômage et délinquance s’ils existent, ne me semblent pas – et je ne dis cela qu’en tant qu’observateur étranger et donc avec toutes les réserves qui s’imposent – connaître comme aux Etats-Unis ou dans nos "banlieues" de phénomène de ghettos. Avant que nous en arrivions toutefois à la situation états-unienne nous verrons qu’il nous reste d’autres possibilités de rapprochement afin de n’exclure personne. Un obstacle autrement plus important est que l’organisation communautaire n’est pas dans nos mœurs. Ceux qui auront lu Alexis de Tocqueville savent très bien que le regroupement citoyen en associations ou en communautés est typique de l’Amérique du nord. Voisins, résidents d’un même quartier ou personnes appartenant à une même centrale d’intérêts ont l’habitude de s’assembler et de s’autogérer, ne faisant appel à la puissance publique que lorsqu’il s’avèrent incapables de résoudre tel ou tel problème par eux-mêmes. On appelle cela principe de la subsidiarité. J’y vois une fois de plus la résurgence de l’esprit pionnier, le fait face à l’adversité de stopper les charrettes et de former le cercle ! Or, les individualistes que nous sommes – certains y verront une résurgence du Code napoléonien – ne possèdent pas ce trait de caractère. Dépasser nos propres intérêts nous est parfois difficile et nous affichons très souvent une forte tendance au repli sur nous-même. Il n’en est pas moins vrai qu’un système communautaire peut aussi générer une pensée uniforme ce qui n’est pas pour nous séduire. L’équilibre restant néanmoins dans la mesure il n’est cependant pas exclu d’essayer la voie moyenne. Celle-ci me paraît devoir passer par le déplacement de l’information éducative et par la rencontre d’avec les gens, d’avec tous les gens. Au Moyen-Age, les harangueurs publics étaient dressés sur leurs chevaux, aujourd’hui les éducateurs à l’environnement se déplacent… en autobus ! "Oyez, oyez, braves gens ! Oyez ce qu’il faut faire pour économiser l’eau !"
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