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A / Deux exemples étrangers : Montréal et Osaka

Lorsque j’ai effectué un séjour au Québec, il y a de cela un an, l’un des traits culturels des québécois et des canadiens anglophones à m’avoir le plus frappé est leur attachement viscéral à leur environnement. Habitués à vivre depuis plusieurs siècles[1]dans un écosystème sauvage, hostile, mais d’une beauté à couper  le souffle, ils ont tout à la fois développé une culture de la vie à l’intérieur et une communion étroite avec leur milieu naturel. J’y vois personnellement une conjugaison de l’aptitude humaine à l’adaptation avec l’esprit pionnier typiquement nord-américain. Cet attrait pour la nature-ressource s’est traduit par la création de multiples réserves naturelles et centres d’interprétation, mais également depuis peu par une expérience de responsabilisation citoyenne qui m’a semblé mériter ici quelques lignes.

C’est depuis l’année 1995 que la Ville de Montréal a mis au point son programme d’action environnementale "Eco-Quartiers". Elle y consacre depuis annuellement 2,5 millions de dollars.

Le programme vise à confier la sensibilisation écologique des habitants de chaque district (équivalant à de petits arrondissements et Montréal en compte 51) à un organisme communautaire à but non lucratif[2]. Celui-ci aura pour tâche d’impliquer la population dans une action locale concernant l’amélioration permanente de la propreté et de la qualité visuelle du paysage urbain, ainsi que la réduction des déchets et la promotion du recyclage

Chaque Eco-Quartier organisera en collaboration avec l’habitant des corvées de propreté, un travail de sensibilisation au recyclage, des distributions de fleurs, des cours de compostage domestique. La méthode consistera notamment à fournir à l’habitant du quartier une information précise lui permettant de s’engager concrètement et sans difficulté pour lui-même dans une action qui bénéficiera à la communauté. Il s’agira pour l’Eco-Quartier de distribuer des sacs, des bacs, les horaires du ramassage sélectif, et pour l’habitant de ne faire qu’un petit geste.

Autre curiosité mais non dénuée de pragmatisme, il aménagera également des surfaces murales collectives pour lutter contre les graffitis sauvages. Toute idée ou tout projet venant de la population est en fait le bienvenu.

Dédiées à l’information et à la participation volontaire du public ces structures favorisent donc une gestion communautaire et responsable de l’habitat. L’avantage de la démarche est que l’action entreprise par l’habitant bénéficie directement à son environnement immédiat et donc à lui-même. Il en est d’autant plus motivé. La seule chose que l’on puisse reprocher aux Eco-Quartiers est encore une fois de se fonder sur une conception réductrice du citoyen, considéré seulement dans sa composante écologique et non pas comme une entité certes aux multiples composantes, mais "une".

Mes lecteurs se demanderont je pense pour quelle raison je ne fais ici aucunement allusion à une éducation au respect de l’eau. La raison en est qu’à Montréal celle-ci est quasiment gratuite, ne faisant au Canada l’objet que de droits et de taxes extrêmement bas et n’incitant pas du tout à en réduire la consommation. Si d’autres taxes permettent le financement des réseaux de distribution et de traitement, la privatisation du secteur eau y est si j’en crois les témoignages d’amis québécois "avec 30000 lacs par habitants" inconcevable et insensé. Toutefois, si le Canada possède bien la plus vaste réserve d’eau douce de surface au monde, il n’en connaît pas moins certaines difficultés : 60 % de la ressource coule vers le nord alors que 90 % de la population est établie à moins de 300 km de la frontière avec les Etats-Unis ; certaines régions reçoivent très peu de précipitations et connaissent des phénomènes de contamination saline ; et l’on a pu constater une baisse du niveau des barrages. A cela s’ajoute la pollution ainsi que divers phénomènes en relation semble t’il avec le réchauffement de la planète : décalages des périodes pluvieuses et de la roussissure des érables, décalage de l’été indien et mauvaise formation de certaines couches de banquise au Nunavik[3].

Ce "manque d’eau" quelque peu paradoxal dans un pays industrialisé où elle semble présente en abondance ne peut que nous appuyer dans la conviction de l’utilité d’une éducation du public au respect de l’eau. Je ne doute pas que les canadiens tardent à y venir.

Un exemple comparable est celui de la politique menée par la Préfecture d’Osaka (Ile de Honshu, Archipel du Japon)[4]. Face aux récents problèmes – notamment liés aux déchets – qu’elle a pu rencontrer, la Préfecture a souhaité entreprendre la création d’une dynamique créative d’amélioration de l’environnement urbain. Elle considère que la compréhension mutuelle et la collaboration entre le secteur des affaires et la communauté des citoyens est un objectif majeur à atteindre dans l’avenir.

Pour ce faire, elle encourage la création de « Communautés de projets d’améliorations » groupements ce citoyens assurant la mise en place de symposiums, effectuant des recherches ou développant des projets urbains. Elle utilise divers supports de communications tels que les brochures thématiques et l’outil publicitaire audiovisuel (radio, petit écran et notamment le journal télévisé) ainsi que l’accrochage de posters dans le métro et la pose d’enseignes lumineuses.

Elle organise également concours et distributions de prix ainsi qu’un "mois de l’Environnement" - le mois de juin "pour faire déférence au Jour Mondial de l’Environnement, le 5 juin" - encourageant les habitants à participer au nettoyage des abords des routes, des rivières et des parcs, ou à apprendre à jardiner dans des centres spécialisés.

Durant cette période ont lieu des conférences, des voyages verts pour les écoliers, l’accrochage de posters ou l’étalage d’enseignes, et des cérémonies d’éloges pour les initiatives les plus méritantes !

Des pôles d’échanges relationnels ont également été installés dans les centrales de production d’énergies afin d’accueillir la population et de la familiariser avec les équipements et les opérations. La communication entre la Préfecture et ses citoyens est de plus favorisée par un système de publication des projets comparables au nôtre, ainsi que la tenue d’audiences publiques durant lesquelles le Gouverneur accueille et reçoit les remarques, commentaires, et suggestions de ses administrés.

J’ajouterai qu’un effort a été particulièrement porté sur la réduction du gaspillage et la promotion du recyclage. Les produits électroniques recyclables sont collectés et réparés par les personnes à la retraite, et sont ensuite redistribués aux bonnes œuvres de la Préfecture ou aux étudiants partis à l’étranger. Un Marché de la Charité revend également les articles en provenance des organisations caritatives ou des particuliers. Ses recettes sont adressées aux victimes des tremblements de terre. La promotion du recyclage et l’information de la population se fait également dans certains magasins.


[1] Si le Canada fut "officiellement découvert" en 1497 par le navigateur Jean Cabot, et redécouvert à plusieurs reprises, ses premiers colons furent des irlandais (dès le IXème siècle) assimilés très vite par ses premiers habitants amérindiens.

[2] Un appel à volontariat est lancé chaque année auprès de la communauté associative, les 2,5 millions servant au titre de soutien financier aux actions entreprises.

[3] Situé au Québec et plus précisément au nord du 55ème parallèle, le Nunavik est le territoire des Inuit.

[4] Mes lecteurs se demanderont certainement pourquoi j’aurai choisi d’évoquer des exemples japonais et nord-américains et pourquoi pas un exemple plus proche de nous comme l’exemple allemand. La première raison est que mes recherches ne m’y ont pas conduit ; la deuxième est que j’ignore tout de la culture germanique ce qui n’est pas le cas des cultures précédentes. Or, il m’a semblé préférable de me cantonner à ce que je connaissais le mieux afin d’éviter ou de limiter au maximum tout risque de mauvaise interprétation de ma part.

 

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