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Exposé Intégral |
III / Pour une démarche pédagogique tournée vers l’individu Il me semble que nous puissions affirmer sans crainte de nous tromper l’existence d’une prise de conscience sociale et collective de la nécessité de protéger et d’utiliser rationnellement les ressources en eau et notre écosystème[1]. Mais en est-il de même au niveau de chaque individu, considéré cette fois en tant que tel et plus en tant que membre d’un groupe ou d’une catégorie ? Si j’en juge par les nombreux comportements réfractaires à la raison que j’observe quotidiennement, que ce soit en écoutant les nouvelles ou en me promenant aux abords des rivières, je ne le pense pas. Je m’explique tout d’abord ce paradoxe par le phénomène d’extériorisation dont j’ai parlé plus haut mais je crois qu’il n’est pas seul en cause. Il me semble que l’éducation du public au respect de l’eau, telle que j’ai pu l’observer, se concentre davantage sur une pédagogie du groupe, et omet en revanche de prendre en charge l’éducation de l’individu. Cela n’est pas illogique puisqu’elle se rattache par préférence à un cadre éducatif pré-établi et qu’elle investit essentiellement ses moyens dans le milieu scolaire. Mais s’il est question de favoriser l’émergence d’une culture de l’eau il est tout aussi logique de considérer que cette culture, comme n’importe quelle autre doive appartenir autant à la collectivité qu’à l’individu. Une culture est à la fois personnelle et commune. Elle n’est pas réservée uniquement à l’exercice scolaire mais apparaît dans toute activité de l’individu. Elle imprime sa vie quotidienne. Cet individu considéré cette fois en tant que tel et non plus comme membre d’une catégorie socioprofessionnelle, d’une collectivité, ou d’une tranche d’âge ne doit donc pas à mon sens être laissé de côté. C’est d’autant plus juste si l’on aspire à voir cet individu modifier son comportement. L’utilisation rationnelle de l’eau concerne en effet autant la collectivité que chaque personne prise isolément. Je prendrai donc position en faveur de l’ajout à la démarche d’éducation au respect de l’eau telle qu’on l’entend aujourd’hui d’une pédagogie de l’individu. La démarche me paraissant la plus logique n’est pas cette fois-ci d’adapter un cadre éducatif préexistant, tel le milieu scolaire, ou de déplacer l’apprenant vers l’information, mais plutôt de faire venir celle-ci à lui, c’est à dire à sa porte ou dans ses foyers. Je conceptualiserai cette idée au travers de ce que j’appellerai une action pédagogique de proximité, action rapprochant l’éducation au respect de l’eau de l’individu et de son quotidien, l’idée étant de démontrer à M. Tout le Monde qu’il est tout à fait à même d’accomplir des gestes simples, efficaces et peu coûteux, pour protéger concrètement son environnement et réaliser des économies dont il sera le premier bénéficiaire. Par ces petits gestes, il s’engage progressivement dans un changement comportemental dont il peut directement apprécier les effets. L’avantage majeur d’une telle démarche est selon moi qu’elle ne repose pas sur une anticipation comportementale future, comme c’est le cas des actions engagées auprès des jeunes générations, mais peut produire des résultats immédiats. Elle fait donc gagner du temps et permet également d’effectuer une pédagogie de l’adulte. Je crois qu’il est tout à fait raisonnable de penser qu’elle soit un excellent complément aux stratégies couramment développées. Nous allons voir à présent qu’il existe déjà de telles démarches à l’étranger et qu’elles ont egalement fait leur apparition en France. Elles restent pourtant à développer car ne sont pour l’heure que des initiatives locales essentiellement cantonnées à l’amélioration du paysage urbain. [1] Elle s’exprime selon moi au travers de la médiatisation grandissante du problème de l’eau, de sa prise en compte législative et réglementaire, que ce soit au plan interne, communautaire ou international, et par l’apparition dans les formations scolaires, universitaires, techniques ou professionnelles de modules consacrés à sa gestion rationnelle.
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