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II / Education au respect de l’eau et citoyenneté responsable

Une autre question qui nous paraît essentielle à intégrer dans l’éducation à l’environnement est celle du cadre réglementaire. Pour être comprises, les règles doivent être expliquées, disséquées, je dirais même d’une certaine façon vulgarisées.

Une précision nous semble cependant importante : tout le monde pourra constater que le terme d’éco-citoyen est aujourd’hui très à la mode et en tous les cas très employé par les acteurs de l’ERE. Or, selon nous c’est faire ici une fraction préjudiciable à la notion de citoyenneté car c’est la réduire à l’une de ses composantes. En effet le citoyen est l’amalgame de plusieurs composantes : il est électeur, il est contribuable, il est parent, mais il est aussi et avant tout un individu responsable s’exprimant dans un cadre collectif, lequel est structuré par des règles. A ce titre il est – ou du moins devrait être – conscient de ses choix et responsable de ses actes eu égard à son environnement. Or pour qu’il soit conscient et responsable, il a besoin d’être éduqué.

Le citoyen est un tout et l’éducation à la citoyenneté doit donc être globale, je me permettrai même de dire qu’elle doit viser à former un individu "complet" c’est à dire, si tant est que cela soit possible, parfaitement intégré à son altérité et à son biotope. L’éducation relative à l’environnement me paraît donc pouvoir jouer ici un rôle essentiel, et surtout lorsqu’elle se consacre au respect de l’eau dont l’aspect transversal autorise les extrapolations du pédagogue. Son rôle de ressource et sa position de dénominateur commun, comme il me plaît à le dire, peuvent être générateurs de conflits autant que d’actes de réunion et de partage. L’eau est prétexte à élargissement systémique, elle est même une raison pour procéder de la sorte.

Elle est aussi partant le prétexte et la raison d’un changement dans les rapports entre l’Etat et son citoyen dans la mesure où ce dernier se responsabilise, mais également dans celle où devenant conscient de l’importance des décisions politiques au regard de l’écosystème, il est plus à même de prendre la parole au débat et d’exiger à son tour un résultat. D’ailleurs ce citoyen doit bien prendre conscience qu’il ne s’agit plus pour lui de se décharger de ces questions d’importance sur le politique, comme il le fait encore trop souvent lorsqu’il lui délègue sa représentation, mais qu’il s’agit plutôt d’un passage de relais, d’une implication réciproque de deux partenaires[1].

Il est bien évident qu’une telle conception quelque peu utopique n’a de réalité que si le citoyen est éduqué à l’environnement, mais aussi au cadre juridique  favorisant son expression "environnementale" et faisant également sa responsabilité. Si l’on attend de lui un comportement rationnel, un comportement de citoyen responsable, un comportement social, il nous faut donc joindre à l’éducation du public au respect de l’eau une éducation relative au droit et à tous les aspects sociaux qui s’y rattachent. Une éducation du politique en ce sens est également souhaitable. Mais c’est presque se répéter que de dire cela puisque l’homme politique est aussi un citoyen. Ce dernier serait-il donc aussi homme politique ? Il me semble en tout cas qu’il lui soit possible de l’être.

Je me permettrai d’ajouter en clin d’œil que cette volonté de ne pas exclure le droit et le politique de l’éducation de l’individu citoyen ne correspond à rien d’autre qu’à une approche systémique de ce dernier, celle d’un individu responsable car conscient, conscient parce que complet.