Pour une éducation du public au respect de l'eau
 

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Chapitre III : Education au respect de l’eau, systémique, citoyenneté et individu

 

Quels objectifs pédagogiques peut-on souhaiter intégrer à l’éducation du public au respect de l’eau ? Quelles évolutions peut-on lui suggérer ?

Ce qui me paraît être important dans l’éducation relative à l’environnement et en particulier lorsqu’elle touche au domaine de l’eau c’est qu’elle porte en elle un ensemble de valeurs civiques et humaines dont l’enseignement ne peut que profiter à tous. Elle implique le sujet, le responsabilise, solidarise les individus, intègre dans un même groupe adultes et enfants d’origines et de cultures différentes. Elle favorise la découverte de soi, de l’autre, et resitue les deux dans un même ensemble. Chacun peut y trouver sa place. Ce rapport à l’altérité se prolonge selon moi, ou du moins peut se prolonger sur le rapport de l’homme à l’égard de son milieu naturel. L’utilisation de ses méthodes pédagogiques et de sa démarche me semble donc aller dans le sens d’une évolution humaine.

Néanmoins, il ne nous faut pas confondre la recherche de ces bénéfices avec celle des objectifs que doit poursuivre une éducation au respect de l’eau comme de l’environnement. Violence, culte de l’apparence, perte des repères et goût pour l’argent facile devraient certes nous convaincre si cela est encore nécessaire, du besoin d’accomplir un retour vers des principes moins autodestructeurs mais là n’est pas le but premier de notre démarche. Ce but relève de l’éducation entendue au sens strict.

En effet il ne s’agit nullement de mettre l’environnement au service de l’éducation avec l’idée d’une approche qui se voudrait curative des problèmes sociaux. S’il y a bien à mon sens dans l’éducation environnementale une composante éminemment sociale susceptible de recadrer l’être humain dans sa communauté biophysique et dans celle de ses semblables, cette approche "préventive" ou bien peut être "préparatoire" à la vie ne doit pas prendre le pas sur l’obligatoire retour, le nécessaire feedback de la démarche à l’égard de l’environnement, et en l’occurrence, à l’égard de l’eau.

Si l’on peut se partager la ressource, il est bel et bien une part incompressible de celle-ci dont l’écosystème demeure tributaire pour sa survie, et c’est sur cet élément qu’il convient de nous pencher. Le milieu naturel peut nous fournir une ressource de bonne qualité si on ne le dégrade pas. Grâce à sa capacité d’auto épuration et dans le cadre de son fonctionnement normal, habituel, de sa dynamique courante, il est tout à fait en mesure de nous accorder gratuitement et quotidiennement ce qui nous coûte déjà trop cher. Mais il n’est cependant pas un pourvoyeur placé là à notre service. Il a besoin d’un minimum d’implication et de considération de notre part.

Or, il me semble que ces deux conduites ne soient exercées par l’homme qu’à l’égard de ce qu’il aime, c’est à dire généralement à l’égard de ce qui lui est proche. Et c’est là, à mon humble avis, que se trouve le nœud du problème : je pense qu’il y a extériorisation du milieu naturel et donc altération de la relation homme / écosystème.

Observons simplement la façon dont nous nous exprimons : nous disons "le milieu", "l’écosystème", "la nature" et usons donc d’articles définis. Nous n’employons jamais ou quasiment jamais de possessifs lorsque nous parlons d’écosystème. Et c’est là faire "du" milieu une entité distincte de nous, presque lointaine, mais dans tous les cas, une entité qui se situe à côté de nous. Ne devrions-nous pas parler plus justement de "notre" écosystème puisque techniquement nous nous trouvons dessus ou même dedans !

Nous sommes à la vérité une partie de la niche écologique, partie qui est en interdépendance avec tous les autres éléments de ce tout qui est "notre" niche, "notre" ruche. Or, nous avons tendance à l’oublier, mais ce faisant, chacun de nous considérant l’écosystème comme se situant "à côté" de lui, replace inconsciemment sur autrui l’obligation de le prendre en charge, de s’en occuper. Je relie cette idée à celle que je développais dans mon analyse des "Aventures de River Jack" à propos du mythe héroïque. Nous vivons dans une culture "désolidarisante[1]", une culture de la non-symbiose. Aussi oublions-nous la symbiose première.

En vérité si l’on regarde les fondements intellectuels et psychologiques de notre société je crois qu’il ne faut guère s’en étonner. C’est là un problème de paradigme.


[1] Voilà apparemment un paradoxe des plus frappants à une époque où humanitaire et générosité publique sont aussi développés, mais reconnaissons que ces derniers sont plus fréquemment appliqués vers ce qui se trouve encore une fois loin de nous. C’est un bon moyen de se donner bonne conscience quand nos non moins paradoxaux "écrans" de communication peuvent nous renvoyer si facilement en pleine figure le reflet de notre indifférence.

 

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