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Exposé Intégral |
2 / Internet Les développements qui vont suivre vont concerner l’intérêt que peut présenter l’Internet pour la démarche éducative en environnement, en tant qu’outil pour le pédagogue et en tant qu’expérience pour l’enfant. Mais tout d'abord qu’est-ce que l’Internet ? Internet est un réseau télématique international résultant de l’interconnexion de milliers de réseaux plus petits et utilisant un protocole de communication commun. De façon schématique il s’agit plus simplement d’un grand nombre d’ordinateurs connectés entre eux par le biais d’une ligne téléphonique. Cette connexion se fait via un fournisseur d’accès téléphonique et un appareil permettant une modulation des signaux émis et une démodulation des signaux reçus : le modem. Un ordinateur connecté peut donc se trouver n’importe où dans le monde de sorte qu’il est possible de communiquer avec tous les pays. Le protocole de communication permet de diffuser sur le réseau des "pages" d’informations pouvant contenir du texte, des sons ou bien encore des images. Un groupe de pages d’une même origine est appelé "site", leur origine étant appelé "serveur". Le déplacement d’une page à une autre se fait au moyen d’une "adresse", chaque page, site ou serveur en possédant une comme n’importe quel foyer, ou bien par l’utilisation de "liens", sortes de couloirs permettant de passer d’une pièce à une autre. On parle de "navigation". De par sa taille colossale et les innombrables liens permettant de se rendre à un même endroit du réseau à partir de points de départ différents, celui-ci évoque une toile d’araignée, d’où son nom courant "la Toile"[1]. Internet offre également des possibilités de communications et d’échanges de points de vues par le moyen de "courriers électroniques", de "forums" ou de "listes de discussions". L’ensemble de ces services peut être en accès libre ou être contrôlé au moyen d’un mot de passe et d’un droit à acquitter. Avec la démocratisation du réseau les sources d’informations s’y sont multipliées. Il est possible de les classer en trois catégories : Les informations du domaine public, c’est à dire mises à disposition par les gouvernements, les ministères, les structures déconcentrées, collectivités territoriales, les établissements Publics Administratifs ou à vocation Industrielle et Commerciale auxquelles il convient d’ajouter les établissements d’enseignement et de recherche ; Les informations qui émanent de structures non gouvernementales, ONG, associations loi 1901 ou agrées au titre de l’environnement et reconnues d’utilité publique ; Les informations produites par des serveurs privés, grandes entreprises, PME-PMI, particuliers. L’arrivée de l’Internet porte sur le plan de l’éducation environnementale un certain nombre de rêves de par ses caractéristiques. Tout d’abord il modifie le rapport de l’individu à l’information écrite. Ce rapport n’est plus linéaire car le lecteur, devant la masse de données auxquelles il peut avoir accès s’il le veut, et seulement s’il le veut, est obligé de chercher, sélectionner et hiérarchiser l’information. Il doit apprendre à apprendre et adopter une attitude participative. Ensuite, le réseau abolit temps et espace et permet de parcourir rapidement, économiquement, et virtuellement le monde en restant chez soi. Il favorise la communication entre des personnes qui ignorent tout de l’existence et des activités des unes et des autres. J’ajouterai à titre personnel que c’est un formidable outil de recherche de contacts et de personnes ressources. A partir de là, l’éducation relative à l’environnement conçoit sur la toile le développement de deux types de projets : soit des projets relatifs à des thématiques sur grande échelle telles que les rapports nord-sud, la biosphère, le développement durable, l’eau… soit des projets plus spécifiques, exotiques pour la plupart, comme l’étude des volcans ou du continent antarctique. Les projets à grande échelle correspondent à une attente de rencontres virtuelles à l’échelle du globe, et portant sur des sujets concernant le plus grand nombre. Il semblerait bien d’ailleurs que l’on constate aujourd’hui l’émergence d’une "pensée planétaire" ou tout au moins l'émergence de communautés de pensée, la jeunesse y étant particulièrement réceptive. Et qui dit communautés dit rapprochements. Le courrier électronique joue ici un rôle essentiel et de nombreux projets y font appel. Ainsi le programme "Jeunes reporters pour l’environnement" de la Fondation pour l’Education à l’Environnement en Europe invite ses membres à rédiger des rapports sur des thèmes environnementaux qui sont ensuite "postés" électroniquement. Les étudiants peuvent aussi par là même solliciter l’aide de scientifiques et d’experts de leur pays ou de leur région. Il devient alors plus facile de développer un projet dans plusieurs pays ce qui prend toute son importance en matière de respect de l’écosystème, domaine dans lequel nos actes peuvent causer des répercussions très loin de nous. Favorisant la médiatisation des projets, l’Internet leur assure donc une plus grande efficacité. Internet favorise enfin la participation "virtuelle" aux congrès et conférences internationales. Le congrès international sur l’eau de Kaslik en 1998 en fut un très bon exemple. Pour les enseignants, animateurs et pédagogues il offre également de très nombreuses sources d’informations, plans de cours et fiches pédagogiques susceptibles de les aider à construire leurs propres interventions. Sur le plan pédagogique le travail en réseau oblige l’enseignant à modifier ses habitudes et à abandonner les pratiques traditionnelles : organisé en ateliers interdisciplinaires, le travail demande à l’élève un véritable effort d’organisation et de structuration des connaissances et partant, une responsabilisation et une prise d’initiative personnelles qui justifient plus d’autonomie. Il devient absurde par exemple de lui imposer de demander l’autorisation de se lever lorsqu’il en a besoin. Or, nous rejoignons ici la pédagogie de type constructiviste dans laquelle le maître devient accompagnateur. Il n’en reste pas moins que l’usage du réseau est techniquement délicat et peut décourager certaines personnes. On peut faire allusion aux connexions plus ou moins lentes, aux interruptions, à la difficulté d’apprendre à naviguer, voire à se familiariser avec le système d’adresses qui peut, il faut le reconnaître, en dérouter plus d’un ! Mais ce sont là je crois de faux problèmes. Plus ennuyeux peut être est l'image parfois négative associée à l'Internet qui comme aurait pu le dire Marcel Pagnol est aujourd'hui source de toutes connaissances... Il est d'autre part des gens qui ressentent également quelque malaise ou blocage face à l’outil informatique. Le claustrophobe que je suis ne leur jettera pas la pierre, à chacun sa croix... Problèmes autrement plus sérieux, la validité de l’information et la difficulté d’effectuer des recoupements sur la fameuse Toile, là où elle foisonne. Le débutant trouve plus facilement ce qu’il ne cherche pas et perd énormément de temps s’il ne sait comment chercher. Il n’est pas rare également qu'il traverse un véritable labyrinthe dans l’espoir d’y trouver un document, et n’aboutisse en fin de course qu’à une référence qu’il possède déjà. Il n’est en effet pas toujours facile de différencier sur un serveur les frontières entre l’information primaire, brute, et la méta-information, information sur l’information c’est à dire globalement les références. Toutefois et à mon sens, la recherche par mots-clés, associations d'idées, par compulsion des annuaires de serveurs généralistes ou de serveurs spécialisés fournit la plupart du temps une information des plus exhaustives et des plus diverses. D'un lien à l'autre, rebondir sur une nouvelle recherche ou emprunter une nouvelle direction se fait sans difficulté. Internet représente donc bien un apport considérable à l’éducation environnementale dans la mesure où il est aujourd’hui un vecteur capital d’information et de contact. Il n'est toutefois qu'un outil complémentaire des autres et l'intérêt de son utilisation est à relier aux objectifs poursuivis par son utilisateur. L’un des avantages du travail en réseau est sans doute qu’il favorise une pédagogie et une organisation différente de l’enseignement traditionnel. Il est donc avantageux d’y recourir. Toutefois l’éducation relative à l’environnement ayant à coeur de rapprocher l’individu de son milieu, l'utilisation d’un outil plaçant un écran supplémentaire entre les deux est-elle bien adaptée ? Est-ce là une interrogation pseudo existentielle ou sommes-nous bien sûrs de ranger les choses dans le bon ordre ? Ne doit-on pas s’inquiéter lorsque l’on voit des enfants "surfer sur le Web" alors qu’ils savent à peine lire ou écrire, tandis que d’autres sont à peine capables de s’exprimer ? Je ne sais pas. Ma position personnelle est que l’Internet, comme tous les outils, est un moyen et non une fin. Pour en terminer avec cette question et à titre d'exemple d'une utilisation pédagogique de l'Internet, voici le site du Conseil Régional de l'Environnement de Montérégie qui propose notamment deux jeux interactifs à destination du jeune public. [1] "Web" ou "World Wide Web" (www) en anglais. Pour la petite histoire Internet est issu du réseau militaire américain Arpanet créé en 1968. L’époque étant encore à la guerre froide était apparue l’idée de mettre au point un système de circulation de l’information structuré de telle sorte que l’on ne puisse en détecter l’origine géographique.
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