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Exposé Intégral |
La pédagogie de projet est centrée sur l’apprenant. Elle doit l’amener à développer ses capacités dynamiques : son émotion, sa réflexion, son sens critique et son autonomie. Elle doit lui permettre de réaliser – plus ou moins consciemment – une appropriation effective du projet et des connaissances qui s’y rattachent. Dans les faits elle se déroulera suivant sept[1] phases : Une phase préparatoire qui ne concerne que l’encadrement : il s’agit pour lui de cibler son public, choisir éventuellement un thème général et relativement ouvert, opter en faveur d’un terrain ou d’un cadre d’intervention, déterminer la durée et les conditions de l’action pédagogique. La conception du projet se fait en revanche avec le groupe auquel l’encadrement doit apporter une première approche du thème c’est à dire techniquement lui adresser une invitation indirecte à la réaction intellectuelle et émotionnelle. Cette invitation est lancée au moyen d’informations, d’impressions, d’un jeu, la plupart du temps par un questionnement… devant déboucher sur la production par le groupe de l’expression d’une envie ou d’une problématique. A partir de celle-ci ce dernier dégage ensuite diverses idées de projets, se décide en faveur de l’un d’entre eux, puis en délimite les buts et les objectifs. Il détermine ensuite la stratégie permettant de réaliser ces derniers et lorsque c’est possible envisage une production finale[2]. Dans la troisième phase le groupe va structurer son projet en l’affinant et en en précisant les tenants et les aboutissants. A ce stade ce projet est négocié, reformulé et planifié. Chacun a eu son mot à dire et sait ce qu’il a à faire. Les tâches sont réparties entre les uns et les autres, les aspects matériels comme financiers sont traités. La quatrième phase est celle de la mise en œuvre du projet : menant à bien les actions qu’il a définies, le groupe réalise les productions prévues. Assez longue cette étape est souvent la plus fastidieuse car génératrice d’imprévus et de nouvelles interrogations. Vient ensuite la phase de la restitution dans laquelle chaque groupe présente son travail aux autres ou à un public extérieur. Motivante, elle permet la fixation d’une date-butoir, valorise travaux et recherches et permet souvent l’émergence d’une systémique. Concernant l’Education Relative à l’Environnement elle offre une possibilité supplémentaire de communication, tournée cette fois vers l’extérieur, comme par exemple à destination des parents ce qui n’est pas sans intérêt. La sixième phase est celle de l’évaluation. Prévue expressément dans le projet elle consiste dans l’analyse de la démarche et dans l’appréciation de la production. Attitude des apprenants, de l’encadrement, utilisation rationnelle ou non rationnelle des moyens matériels, niveau d’appropriation des techniques… tout doit être passé au crible. Cette étape réunit groupe et encadrement. La septième et dernière étape est celle de l’évaluation post-projet à moyen terme. Elle concerne l’encadrement et consiste à évaluer l’impact du projet sur ses différents acteurs, sur d’autres personnes, ou même sur le terrain. L’un des éléments essentiels à la réussite d’une pédagogie de projet tient au rôle de l’animateur qui doit comme l’indique son nom donner une âme au groupe dont il a la responsabilité. Il se doit de lui fournir des pistes, un contexte, et gardant un pied dans le groupe et un pied en dehors de lui, de tenir en quelque sorte la place du chien de berger[3]. Tout en restant effacé il doit interpeller les timides, calmer les enthousiastes, s’appuyer sur les leaders, distiller coups de main et connaissances là où le besoin s’en fait sentir. Mais il n’est plus qu’un partenaire et laisse le groupe voler de ses propres ailes. Adaptable à tous les types de public la pédagogie de projet est donc des plus motivantes pour ses destinataires. Privilégiant davantage les compétences d’animation que les compétences de contenu elle permet d’aborder des thèmes assez généraux et laisse donc une grande place à l’imaginaire créatif. Seul inconvénient : elle demande du temps. Pas moins de deux journées. [1] Les lecteurs qui auront la curiosité de se rendre sur le site d’Ecole et Nature remarqueront que les rédacteurs n’en comptent que six, la phase préparatoire y étant dénommée "phase n° 0", probablement parce que le public n’y prend pas part. Son importance ne doit cependant pas être minimisée. Si la pédagogie de projet était une recette de cuisine cette phase équivaudrait à préparer la sauce… C’est dire si l’enjeu est d’importance ! [2] L’une des techniques les plus efficaces en la matière est celle du "brain-storming" ou comme le diraient nos cousins québécois du "remue-méninges". Elle consiste à noter sur un tableau toutes les idées émises par le groupe et à lui faire ensuite choisir entre celles qu’il va retenir et celles qu’il va abandonner. S’il est ici employé dans un but constructif ce principe de négociation collective et démocratique ne s’apparente paradoxalement pas moins à une technique de manipulation. Ceux qui ont étudié la psychologie sociale ou le management du personnel le savent bien. Employées à bon escient ces principes peuvent cependant présenter un intérêt majeur pour l’éducation environnementale. Je reviendrai sur cette idée dans ma dernière partie. [3] Que l’on ne se méprenne pas sur l’emploi de cette expression. Animateur est certainement l’un des plus beaux métiers au monde, le plus difficile étant de ne pas trop s’impliquer affectivement, car même s’il aime "ses" enfants, l’animateur n’est ni un copain ni un papa. Garant de la cohésion du groupe – dont il a je le répète la responsabilité – et de sa sécurité, tournant entre les différents ateliers, l’animateur a pour tâche d’amener les enfants à prendre conscience de leur propre créativité et de ce qu’elle peut leur apporter en termes de satisfaction et d’aboutissement. Il doit savoir faire ressortir le potentiel optimal du sujet tout en le canalisant sur le projet. L’apprentissage et le vécu du compromis entre ce qu’il veut faire, ce qu’il peut faire, et ce qu’on lui demande au travers d’un jeu, d’une activité ou durant les repas et les temps calmes structure chez l’enfant ses futures relations au sein de la société, société faite de contraintes qu’il faut bien accepter mais aussi de libertés qu’il faut savoir mettre à profit.
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