Pour une éducation du public au respect de l'eau
 

Accueil

Exposé Intégral

Version Conférence

Tout Savoir en une seule page !

Qui suis-je ?

Ecrivez moi

Plan du site

Liens

 

D / Le premier outil : la perception

1 / Perception et traduction

Nous nous sommes jusqu’ici penchés sur l’utilisation de supports et d’outils pédagogiques des plus traditionnels aux plus modernes, mais sommes-nous bien certains de n’avoir rien négligé ? Si bien sûr, nous avons négligé les 5 premiers outils, ceux qui sont peut être les plus importants, ceux que la nature elle-même nous a donné : nos sens !

C’est là une évidence, nos sens sont le premier moyen d’appréhender ce qui nous entoure et il n’est nul besoin ici de disserter longuement sur cela. En revanche, je souhaiterais attirer l’attention de mes lecteurs sur un certain nombre d’éléments mis en évidence par la science du langage et de la communication qu’est la Programmation neurolinguistique (PNL) :

2 / Les apports de la PNL

Tout ce que nous percevons du monde est pensé et médiatisé par notre entendement, notre culture, notre histoire, et par nos divers canaux de perceptions. Aussi n’avons-nous pas de rapport direct avec la réalité, mais seulement  avec des images, des sons, des sensations, ensemble de données qui sont traitées et interprétées par notre cerveau. Or, le travail d’abstraction réalisé par ce dernier provoque nécessairement un appauvrissement de notre "carte mentale." Au niveau des perceptions et du non-verbal le cerveau se penche sur les détails, mais au niveau du langage et des mots, nous sommes bien obligés de parler par généralités, car il nous est impossible de donner un mot à chaque chose. Pour connaître, il nous faut donc d’abord accepter de méconnaître, de négliger les détails. Or il se trouve que d’un individu à un autre les détails négligés ne sont pas les mêmes. Aussi, si nous souhaitons communiquer avec "l’autre", qu’il s’agisse d’une interaction banale ou d’une démarche pédagogique, il est important de connaître préalablement la "carte du monde" de notre interlocuteur. Le langage décrivant moins la réalité qu’il ne la crée, nous disposons là d’un instrument très révélateur.

La saisie des données que reçoit notre cerveau se fait donc à partir de nos cinq sens. La PNL distingue particulièrement trois canaux de perception et de représentations sensorielles : le visuel, l’auditif, et le kinesthésique, ce dernier terme regroupant les perceptions du toucher, du goût et de l’odorat, ainsi que les émotions et les sensations internes. Chacun d’entre nous utilise bien évidemment ces trois canaux, mais affiche toujours une préférence marquée pour l’un d’entre eux.

Quel intérêt me direz-vous ?

Soit la question : "qu’est ce que le mot "peur" évoque pour vous ?" Nous avons ici trois possibilités : les visuels reverront mentalement une scène de film d’horreur ou quelque image de catastrophe ; les auditifs entendront des cris ou quelques menaçants craquements ; les kinesthésiques se sentiront tenaillés par l’angoisse, étouffés dans les sables ou glacés dans jusqu’aux os !

Il se trouve que le vocabulaire de l’individu est en relation étroite avec le canal de perception qu’il utilise le plus couramment. Ainsi le visuel utilisera par préférence des prédicats visuels : image, couleur, mise au point, voir, éclairer, regarder, clarifier ; sombre, lumineux, brillant ; perspective. Un auditif emploiera plus volontiers un vocabulaire de type correspondant : ton, temps, timbre, volume ; entendre, parler, écouter ; harmonieux, discordant, mélodieux ; accord, désaccord. Un kinesthésique fera lui référence à la température, au poids, à la pression. Il emploiera texture forme, sentir, toucher, solide, mou, ferme, chaleureux, froid, sensible, insensible…

Nous avons donc à partir de là un instrument de communication et de pédagogie fort intéressant : la synchronisation verbale syntaxique et stylistique, ce qui en des termes plus simple est le fait de parler le langage de l’autre.

Le premier intérêt de ce mimétisme est de montrer à notre interlocuteur que l’on reconnaît au moins pour un temps sa perception du monde. Cela peut tout de même faciliter notre interaction[1] et c’est tout de même une politesse que de se placer à son niveau plutôt que de lui imposer de se placer au nôtre. Dans le cadre de la pédagogie environnementale je crois que ceci rejoint la bonne démarche, celle consistant à se départir de l’habitude scolaire. En effet la pédagogie traditionnelle demandera plutôt à l’élève d’adopter un schéma de représentation qui lui vient d’autrui.

J’ajoute qu’avec des enfants ce n’est même plus une question de politesse que d’intelligence que de s’exprimer dans un langage "enfant" ce qui contrairement à ce que pensent beaucoup trop de gens ne signifie pas un langage d’idiot.

Le deuxième intérêt de cette connaissance est à mon sens d’offrir au pédagogue l’occasion  d’employer les trois registres différents, dans son langage mais aussi dans les activités qu’il propose, non seulement pour se faire mieux comprendre, mais également pour enseigner indirectement à l’enfant la possibilité d’utiliser au mieux tous ces canaux de perceptions et de conceptualisation. C’est une idée personnelle à laquelle je tiens beaucoup. Je déplore sincèrement que notre société ne soit aujourd’hui tournée que vers la seule image car nous passons je crois à côté de bien des choses.

Quoi qu’il en soit ne perdons pas de vue que notre interlocuteur n’utilise pas la même carte mentale que nous, et prenons plutôt le parti de considérer cela comme une richesse plutôt que comme une raison supplémentaire d’avoir peur et de nous diviser[2]. Qu’en pensez-vous ? Voyez-vous ce que je veux dire ? Cela vous interpelle t’il ? M’avez-vous saisi ?

Je vais à présent évoquer les différentes catégories d’interventions pédagogiques en matière d’éducation du public au respect de l’eau.


[1] Dans son ouvrage "Techniques de communication interpersonnelles", le Professeur Michel Josien cite deux exemples véridiques assez convaincants : une étudiante tenue à l’occasion d’une formation de vendre des abonnements à un journal local à des prospects l’ayant reçu gratuitement pendant trois jours se rend chez l’un d’entre eux et l’aborde en lui disant : "Monsieur, vous avez reçu le journal pendant 3 jours, gratuitement, est-ce que ça vous a plu ?" Peu courtois, son interlocuteur lui répond : "Ton canard, je l’ai même pas lu, j’en veux pas, je l’ai jeté; avec la télé, j’en ai bien assez." Formée qu’elle était à la maîtrise de soi et à la re-formulation notre infortunée jugea bon de répliquer : "Si je comprends bien, c’est là votre seul support médiatique." La malheureuse essuya une gifle !

Autre exemple : deux entreprises de formation offraient à un groupe de chefs de rayon deux séminaires de formation aux contenus pratiquement identiques, le groupe devant librement opter pour l’un d’entre eux. Le choix effectué, on leur demanda sur quels critères il avait écarté l’autre équipe. La réponse fut sans appel : "Le gars qui est venu se présenter à l’équipe a dit : "Voici le cursus de formation que je souhaite vous proposer", et nous on s’est dit que son "cursus" il pouvait se le remballer !" A tort ou à raison, les employés avaient déduit du langage utilisé qu’ils avaient affaire à un théoricien abstrait qui leur aurait été inutile pour résoudre leurs problèmes quotidiens.

[2] J’ai pu apprendre au cours de mes recherches que l’Office National de l’Eau Potable du Maroc avait mis au point un programme spécial de sensibilisation au problème de l’eau à destination des femmes, des enfants, et des enseignants, avec des messages différemment modulés suivant leurs destinataires et adaptés aux secteurs urbains et ruraux. Ayant vainement sollicité l’Office, je ne dispose d’aucune information supplémentaire sur ce programme. C’eût été cependant d’un grand intérêt pour moi car il semble qu’il n’y ait pas en France de réelle réflexion de fond sur ce point. Les départements communication ou les agences publicitaires paraissent s’interroger très justement sur la façon dont le message informatif sera perçu ou interprété, mais pas forcément compris. Cela s’appelle "la dictature du Politiquement correct".

 

Précédente                       Table des Matières                       Suivante

Vous êtes un professionnel de l’eau, un professionnel de l’éducation, vous représentez une collectivité, une institution, un Etat, un Royaume, vous recherchez un éducateur, vous voulez monter un programme pédagogique ? Le mener à bien ?

J Ecrivez-moi J